Chaque année nous organisons une fête qui convie parents, jeunes, amis, partenaires et acteurs du quotidien. Cette fête a beaucoup d’importance et de sens pour nous ; elle permet de donner à voir ce que nous faisons ensemble, la poésie du quotidien, les fruits de notre travail de la matière & mettre en lumière les questions qui nous animent. L’envie de travailler autour de la photographie et de la question de la dignité existe depuis quelques années, inspiré en amont par le travail photographique de Richard Avedon ; c’est en cette période 2020 & 2021 que nous avons donné corps à nos idées. Le fruit de ce projet photographique fut présenté lors de notre fête et nous souhaitons pouvoir le diffuser plus largement, tant l’aventure fut riche ; la finalité parlante et intense.

Quelques mots pour introduire ce travail, comprendre dans quel paysage il est né, fruit d’une réflexion autour de la dignité d’être humain.

Ces visages, que nous disent-ils  ? Ils témoignent qu’au-delà de notre fragile condition, de nos manques, de nos blessures, de nos imperfections ou de nos handicaps, chacun d’entre nous porte en lui une force de vie. Cette force qui passe par le corps s’inscrit dans une filiation. A partir de ses racines, chacun peut déployer ses capacités d’action sur le Monde, et toute prétention mise à part, de le changer. La dignité est une question de verticalité. Entre terre et ciel, il s’agit de se tenir debout face à la question de son existence, les pieds ancrés dans le sol, la tête sur les épaules et les yeux rivés vers les étoiles. À l’endroit du doute ontologique, pris dans les circonvolutions du point d’interrogation, l’enjeu est de se tenir droit comme un «  i  », avec autant d’affirmation qu’un point d’exclamation.
J’existe  ! Je suis  ! C’est peut-être déjà là un premier acte de résistance.
Comment ne pas se laisser aspirer par la spirale de nos doutes existentiels  ? Comme vous pourrez l’observer, le rapport à l’objet, à l’outil, à la technique se présente comme un étayage, un vecteur d’affirmation identitaire, un attribut qui nous représenterait. A la question «  qui suis-je  ?  », nous pouvons répondre par l’éclairage indirecte de ce que nous faisons. Je peux affirmer que j’ai fait ou généré telle ou telle chose. Ainsi mon être s’ancre dans un «  faire  », un faire dont je peux être fier. D’où le statut essentiel et noble de l’outil, objet indispensable à l’expression de mes capacités.
Je suis un directeur certainement trop peu directif, pris entre enjeux affectifs et intérêts collectifs, nécessaire autonomie de chacun et peur de l’auto-référence. A mes côtés peut être se sent-on parfois un peu perdu, sans idée claire de là où on va, ni comment on y va  ?. Par contre je crois que l’on sait plus sûrement pourquoi on y va. Le chemin partagé est laborieux, l’avenir incertain et plutôt sombre, mais quand je vois la qualité du travail accompli par chacun pour tenter de vous donner à voir, à sentir, à goûter et à vivre toute la charge créative que nous mettons dans notre métier, je ne peux que remercier solennellement et avec toute la considération dont je suis capable, les artisans du quotidien, qui ont contribué à forger jours après jours l’âme de ce lieu.
Malgré et certainement grâce à notre éphémère destinée, je le réaffirme «  la vie avec les autres vaut la peine d’être vécue  ». Mais ce soir point de peine, place à l’émerveillement et à la joie d’être ensemble.